Yves
Martin, hommage au poète disparu
Table ronde à la bibliothèque
municipale de Lyon, le 9 mars 2004,
à linitiative de Jean-Yves Debreuille
et François Montmaneix,
avec Dominique Joubert, Pierre
Perrin et Bertrand Tavernier
Jaime me cantonner, me serrer jusquau malaise. On reboute lâme puis los. Depuis quelques années, je ne tremble plus. Je mourrai compact, sans faille, le genre de fruit qui a mangé son noyau, son amande. Les traces de dents ont disparu. je suis lisse, nul et éblouissant. Une quille dabsurde sans partenaire possible. [in Retour contre soi, le Dilettante, 1987]
Le crématoire au nez dusurier. Lange rôti de Bethléem / Promené par Madame sur le devant de son vélo. Une petite fille me traverse, frisson, / Comme les raies dun tigre. Un[e] h.l.m. gai[e] / Comme un[e] hache sur un billot. La foudre passe avec lenteur Un gosse rêve de devenir aussi irrésistible / Quun crochet dans un quartier de beuf. Jai choisi la mort contre la mort / Le cancer contre le cancer. Lapplaudimètre du néant. Mon calot perd mes oreilles Je regarde les joggings épatants comme les lilas. Un vent préscolaire / Parsème les tombes. [in Mr Williams, Le Pont de lÉpée, 1985]
Il ny a rien pas même la paresse. Des jeans qui bougent comme des seringas Le cancer fait un bruit sec, monotone / De balle sur un court de tennis. Jai toujours trouvé / Que vivre était plutôt humiliant. Nous parlerons de la vie qui nous a tendu les bras, / Que nous navons pas su convaincre, /Qui sest vengée, cest humain. Comment le plaisir arriverait-il autrement / Que heurté, blessé, engourdi ? [cf. Lexplosion qui ne se produit pas la plus nulle des morts] (La poésie : un perdreau / Qui ne prend jamais feu / Dans la même neige). Je refuse votre réel. Je jubile de peur. Je vous réserve une autre aventure / La mienne [ ] Une note de piano exaspérante. Lambiguïté est ma seule meute. [in De la rue elle crie, Le pont de lÉpée, 1982]
Pierre Perrin, notes pour un premier hommage in memoriam 2004