Pierre Perrin, 280 notes de lecture
[romans, poèmes, essais, carnets, mémoires, etc.]
« En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples. » Julien Gracq, Lettrines, 1967
Poètes français de l’âge baroque
La Pléiade, au milieu du XVIème siècle, avait révolutionné la poésie dont elle avait avant tout rétabli le caractère sacré. À peine les continuateurs de Virgile avaient-ils vu passer le Moyen Âge et Villon. Du Bellay et Ronsard avaient prôné, contre le latin des clercs, l’usage intensif de la langue… Continuer la lecture
André Blanchard, Petites Nuits [Carnets]
Sous ce titre qu’on pourrait croire doucereux, on trouve le cri d’un déraciné dont les pieds touchent à l’empire des morts. Celui qui refuse « cette crasse qui plastronne » partout alentour éclate d’humour ses humeurs. Ainsi cassait-on autrefois des noyaux de cerises pour les jeter dans l’alambic, histoire de corser le goût du kirsch. Le noyau de Blanchard, c’est l’aphorisme. Il porte la langue au feu, il la forge à chaque page… Continuer la lecture
Patrick Grainville, Falaise des fous
Académicien Français, Patrick Grainville a publié vingt-six romans. Les Flamboyants lui avait valu le Goncourt à 29 ans. Patrick Grainville, c’est le Versailles moderne de la littérature. Falaise des fous, ce roman qu’il qualifie de « mémoires », rutile de jets de langue comme autant de jets d’eaux ; de la féérie ; des batailles linguales plus somptueuses que des batailles navales ; et tout aussi bien la simplicité la plus solennelle, sans oublier la vie toujours, sans coup férir… Continuer la lecture
Wyndham Lewis, Condamné par lui-même
Le titre ne renvoie pas à une exploration de basse-fosse. L’éthique innerve ce roman en forme de croix qui ne doit rien à Dieu. On touche aux points cardinaux de l’être. Ce roman, le dernier qu’a publié en 1954 Lewis, marie la politique et l’histoire à la vie entière. On y respire… Continuer la lecture
Jean-Luc Marion, Courbet ou la peinture à l’œil
Pourquoi le philosophe Jean-Luc Marion élargit-il son champ de compétences à Courbet ? La première réponse tient en une parenté de lieux. L’Académicien d’aujourd’hui a « traîné gamin sur les berges de la même Loue, qui les traverse, à peine sortie en furie de la falaise de sa source, comme un évadé franchit le mur de sa prison ». Et toute la suite du paragraphe est poésie, jusqu’à élever contre Descartes ces montagnes sans vallées… Continuer la lecture
Chercher noise de tout son cœur
Les propos de Michel Tournier dans Célébrations : « l’agressivité, la ténacité, voire un rien de hargne et de teigne, sans quoi on ne pisse que de l’eau de rose » parcourent les Mémoires de Saint-Simon [1675–1755]. Zola citait ce dernier, dans un article de 1878, comme « le plus grand exemple de l’expression personnelle dans… Continuer la lecture