Alain Breton, Les Éperons d’Éden, Les Hommes Sans Épaules éditeur, 2014

Alain Breton, Les Éperons d’Éden
Les Hommes Sans Épaules éditeur, 2014

couv Alain BretonAvec Les Éperons d’Éden, Alain Breton offre un tombeau à son père, le poète de “Poésie pour vivre”, Jean Breton [1930 - 2006]. Force est de relever quelques reproches inévitables : « Tes rares baisers, mon père / tout le magot des brumes […] Tu m’abandonnes, prince sans rire » et, en miroir, ce bel éloge à l’adresse de la mère : « Chaque matin, les portes s’étiraient / Sur le sourire de la fée à tout faire. » Georges Mounin aurait trouvé géniale cette image de “la fée à tout faire”. Cela tisse bien le cocon de la mémoire. La cause de ces reproches est que le poète Jean Breton plaçait haut cet appel du « baiser / comme une sommation d'être // Et de jouir sans fin / pour oublier la mort. » Mais, en vérité, pour les vivants dans leur rapport aux morts vraiment aimés, il n’existe guère de parade. Alain Breton avoue le besoin d’écumer le temps, les années. Et il consigne de magnifiques pensées : « Que tu ne parles plus / n’est que diversion du silence. […] Aujourd'hui, si tu parles / dans ma nuit de chaque jour, // Mon sourire dans tes yeux / dépose-t-il une larme et un éloge ? […] Je bêche le silence, / je demande hospitalité à tes livres. » — Merci pour ce bel in memoriam.

Pierre Perrin, Facebook 21 octobre 2015, 14 h 51

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