Alors que Kleist se lamente
sur son sort, dans une cellule du fort de Joux, dans le jura, l’impensable
se produit : Toussaint Louverture ou plutôt son fantôme
apparaît. Mais, après quelque temps passé auprès
de ce dernier, Kleist est déçu. Toussaint n’est pas
le héros qu’il vénérait. Le dialogue devient
difficile pour les deux personnages qui parlent de différents sujets,
le courage, le suicide. On apprend que Toussaint a besoin de Kleist pour
mourir une deuxième fois car il est mort en tant que héros
et pas en tant qu’homme.
Pour ce livre, Fabienne
Pasquet a regroupé deux personnages très différents :
Kleist, poète physiquement fragile est obsédé par
des projets de suicides. « La mort dédommage de la pauvreté
de l’existence et prête à sa fin une force mystique,
nous vivrons comme des dieux le jour de notre mort ! »
C’est grâce à lui que Toussaint Louverture a pu revenir
à la vie : en effet, alors qu’il se lamentait, Kleist
a appelé Toussaint Louverture : « Je te salue,
Nègre immense dont le bruit du triomphe, un jour, comme un grondement
de tonnerre, roulera à travers le monde faisant trembler les tyrannies. »
Toussaint
Louverture est l’opposé de Kleist : Autant Kleist est
incapable de se débrouiller seul, autant Toussaint est débrouillard :
ce dernier allume le feu pour Kleist, lui guérit le genou…
Mais Toussaint sert aussi de porte-parole dans le sens ou il dénonce
l’esclavage des noirs et ses cruautés : « La
voix du vieux égrenait les recettes des colons pour « accommoder »
les Nègres. Couverts de mélasse et ligotés sur une
fourmilière qui n’en restituerait que le squelette blanchi »
ainsi que pour montrer les inégalité entre les noirs et
les blancs : « Tu n’es plus qu’un Nègre,
un vieux Nègre en fin de course, c’est-à-dire une
créature qui s’apparente plus à une chose qu’à
un être humain. Retour à la case départ : les
Nègres font parties du mobilier.
Le livre de Fabienne Pasquet met donc en scène deux personnages
très différents. D’un côté Kleist, poète
prussien ébloui par le suicide et de l’autre, Toussaint Louverture,
révolutionnaire haïtien qui revient pour réussir sa
deuxième mort. Tout le long du texte prédomine la symbolique
du chiffre deux : Il y a deux personnages dans la cellule de Toussaint
Louverture, il s’agit de la deuxième mort de Toussaint Louverture.
Fabienne Pasquet a aussi utilisé plusieurs oppositions dans son
livre. Opposition entre la vie est la mort : Kleist représente
la vie malgré son envie de suicide car, contrairement à
Toussaint, il survie à la fin alors que ce dernier meurt. Opposition
entre les blancs et les noirs : Kleist est blanc, Toussaint noir.
« Blanc et noir, les deux polarités cosmiques. La lumière
et les ténèbres. La vie et la mort. » Ces oppositions,
couplées avec les symboles, nous donnent un récit troublant
avec une touche d’animisme vaudou qui reste bien banal : « L’araignée
est la maîtresse du destin. »
Bruno
Chassot Après son premier ouvrage
l’Ombre de Baudelaire
paru aux éditions Actes Sud en 1996, Fabienne Pasquet, auteur
haïtienne née en 1954, revient à la charge avec La
Deuxième Mort de Toussaint-Louverture
en 2001. Avant de se distinguer dans la littérature d’une
manière somptueuse, Pasquet était dramaturge à
Rome et à Florence ou elle vécut pendant seize ans.
Son deuxième ouvrage nous narre l’histoire
de Kleist, poète prussien, enfermé au fort de Joux dans
le Jura après avoir été inculpé d’espionnage
et qui par un éloge mystérieux invoque Toussaint-Louverture
ou plutôt son fantôme revenu pour réussir sa mort.
À l’époque Toussaint était un héros
révolutionnaire de Saint Domingue qui militait pour l’abolition
de l’esclavage et l’indépendance de son île,
il avait réussit à organiser la rébellion des Noirs
face à Napoléon mais ce dernier l’enferma en 1802
au fort de Joux où il mourut en 1803. Les deux hommes se retrouvent
donc enfermés dans la même cellule et sont amenés
à réfléchir sur différents sujets tels que
la mort, la violence, la souffrance… Un dialogue va naître
entre le romantique poète Allemand et son colocataire haïtien
que tout séparait à priori.
Dans
ce roman, les personnages sont là pour véhiculer des idées
et peut-être même pour transmettre celles de Fabienne Pasquet
d’une manière très habile. En effet, les personnages
ne sont pas au service de la fiction qui reste parfois même un
peu floue.
Fabienne Pasquet écrit son deuxième roman
avec un style très agréable à lire, pour ce qui
est de mêler fiction et réalité, le pari est réussi,
on s’imprègne facilement de l’ambiance de ce livre.
Les idées de cette époque de colonisation et d’esclavage
sont présentes à travers les paroles des deux personnages :
« L’homme blanc ou civilisé, puisque sa couleur
de peau semblait suffire à définir son être civilisé, leur avait fait comprendre que la technologie raffinée
dont il disposait servait avant tout à mieux briser ceux qui
étaient soumis à son pouvoir. »
CHAZERAND Benoit 1°S2
Fabienne
Pasquet, d’origine haïtienne, met en scène dans
La Deuxième Mort de Toussaint-Louverture, son deuxième roman, le poète allemand
Heinrich Von Kleist inculpé d’espionnage et incarcéré
dans une cellule du fort de Joux dans le Jura où est mort de
froid, quatre ans auparavant, le célèbre révolutionnaire
haïtien Toussaint-Louverture, héros de la lutte pour l’indépendance
d’Haïti.
Dans son deuxième roman, après l’Ombre
de Baudelaire en 1996 qui
fut une réussite, Fabienne Pasquet fait renaître dans
ce roman le nègre dans la cellule du poète pour faire
une belle mort cette fois-ci et le fait dialoguer avec le poète.
Elle réussit à mêler les destinées des
deux personnages, celle du poète, sûr de lui, qui raisonne
Toussaint-Louverture et qui appuie l’idée qu’il
n’aurait pas dû se laisser emprisonner et celle du révolutionnaire,
qui retrace la lutte des Noirs contre l’esclavage sur l’île
de Saint Domingue ainsi que les supplices, que les Blancs leur ont
fait subir, à travers des épisodes comme celui où
les Blancs se servent de la peau des Noirs pour faire des reliures,
parfaitement décrits par Toussaint.
Le deuxième
roman de Fabienne Pasquet est très enrichissant par les thèmes
qu’il aborde comme l’esclavage et à travers des
questions philosophiques comme « souffrir est inutile,
quand la douleur peut être soulagée ». On
peut aussi remarquer l’interférence époques-personnages
qui est magnifiquement décrite par Fabienne Pasquet.
CHEVAUX Sylvain 1°S2>
La
deuxième mort de Toussaint Louverture nous amène dans le Jura,
au fort de Joux où un poète allemand, Heinrich von Kleist,
a été accusé d'espionnage et fut incarcéré
de mars à avril 1807 dans la cellule où Toussaint-Louverture
est mort quatre ans auparavant. Le poète allemand se voit confronté
au fantôme de Toussaint-Louverture qui revient dans sa cellule
régler ses difficultés avec sa première mort
car il n'est pas satisfait de cette mort...
Tout au long du récit les deux principaux
personnages abordent plusieurs sujets de discussion et leurs avis
divergent souvent. Ils parlent de Napoléon Bonaparte, évoquent
aussi le suicide, le courage mais leur principal thème de discussion
reste l'esclavage. Dans ce livre, Kleist est le personnage dont Fabienne
Pasquet avait besoin pour faire parler Toussaint-Louverture. Mais
le poète allemand a un rôle très précis
dans ce roman, il doit aider Tousaint à trouver sa "deuxième
mort". Le révolutionnaire haïtien est là pour
nous témoigner par l'intermédiaire de Kleist son histoire,
ses souvenirs, ses idées... enfin sa vie. Toussaint-Louverture
est là pour trouver la paix intérieure, sa deuxième
mort. En fait les deux personnages sont complémentaires car
Toussaint va aussi, par ses discussions avec Kleist, lui ouvrir les
yeux sur beaucoup de choses. Et Kleist va aussi être utile à
Toussaint car c'est à travers leurs discussions que tous deux
vont arriver à résoudre les problèmes qu'ils
ont.
Le roman de
Fabienne Pasquet est intéressant car il parle de qui sont toujours
d'actualité. Le choix de faire passer un roman uniquement à
travers des conversations entres deux hommes dont l'un est un fantôme
et qui sont tous deux enfermés dans une cellule d'un chateau
n'est pas un choix facile car, comme le dit Kleist dans le roman,
"La prison est un lieu abstrait, propice à la réflexion
et à l'imagination". Un des intérêts de ce
livre est qu'il repose uniquement sur des discussions entre le "vieux
nègre" et Kleist. Les deux personnages s'expriment pour
nous faire réfléchir. On se demande pourquoi nous passons
notre temps à souffrir et cela nous fait penser à notre
existence, à la sagesse, au bien et au mal et à un tas
d'autres choses.
Yann Clément,
1°S2
C’est
dans le Jura, au Fort de Joux, que fut enfermé Heinrich Von
Kleist, un poète, pris pour espion par les forces de Napoléon.
Incarcéré au Fort de Joux, il occupe une cellule peu
ordinaire, celle du célèbre Toussaint Louverture, héros
de la lutte pour l’indépendance d’Haïti. Toussaint
Louverture était mort de froid dans cette cellule quelques
années auparavant. Fabienne Pasquet, auteur d’origine
Haïtienne réussit à travers se roman à ressusciter
une « légende ». Kleist, enfermé,
découvre au bout de quelques jours un personnage mystérieux,
et semble reconnaître Toussaint Louverture.
Dans
ce magnifique roman, Fabienne Pasquet semble se servir de Kleist,
simple poète pour faire parler Toussaint Louverture. Fabienne
Pasquet préfère Kleist à un personnage célèbre,
certainement pour laisser voir que Toussaint Louverture est bien le
personnage n°1. Ainsi Toussaint Louverture nous conte une partie
de son histoire par l’intermédiaire de Kleist. Une question
se pose : Toussaint Louverture revit-il pour mieux mourir ?
Tout au long du roman, les idées de Toussaint Louverture se contredisent
avec celles de Kleist et vice-versa. Avec comme inquiétude
centrale, les différentes façons de mourir : mort naturelle
ou suicide.
Toussaint
Louverture n’a pas pu accéder au monde des ancêtres
; les nombreux dialogues avec le poète lui permettront certainement
de faire la paix avec lui-même. Avec une auteur d’origine
Haïtienne, cette fable engendre une ironie très bien construite,
dans laquelle l’auteur fait part de ses connaissances vaudou
grâce aux nombreux sortilèges fabriqués par Toussaint
Louverture. Fabienne Pasquet veut-elle montrer à quel point
la personnalité de Kleist est tourmentée ?
Ce
livre, basé sur de nombreux faits historique mais reste néanmoins
une fiction ; un récit intéressant et attachant, parlant de l’esclavage dans les
colonies et des tortures imposées aux esclaves.
EID Jules 1S2
Lors de son premier roman, l’Ombre
de Baudelaire, l’auteur haïtienne avait déjà
montré un certain intérêt à développer
les différentes relations entre le blanc et l’homme de couleur.
Dans ce deuxième roman, elle expose d’emblée ses idées
sur l’esclavage et donc sur la liberté, à travers
les différents vécus de deux protagonistes : Heinrich
von Kleist, poète allemand et Toussaint-Louverture, révolutionnaire
noir antillais. « L’esclavage c’est la violence à
sens unique » ; « La liberté naturelle était
le droit que la nature avait donné à tout homme de disposer
de soi à volonté » écrit-elle.
Dans une même cellule du fort de Joux
dans le Jura, Kleist sera enfermé, soupçonné d’espionnage
par les troupes de Bonaparte ; accablé de plusieurs maux, il
est défini comme fragile, gémissant, peureux ; grâce
ou à cause de cet esprit affaibli, il verra apparaître
et vivre avec lui durant un mois, le fantôme de Toussaint-Louverture,
mort quatre ans auparavant, revenu pour trouver enfin une mort honorable.
Durant plusieurs conversations qu’ils auront, les deux hommes
de nature très différente apprendront ce qu’ils
sont réellement à travers les yeux de l’autre et
découvriront les symboliques toutes aussi différentes
que peut prendre un même fait, dans leur deux « tribus ».
Dans ce roman, Kleist, frustré et
aveuglé par un mélange d’admiration et de rage pour
Toussaint-Louverture, apprendra à comprendre que celui-ci est
avant tout un être humain avant d’être un héros
; son rôle sera de l’aider à mourir une seconde fois
avec un esprit et un corps libéré. Quant à Toussaint-Louverture,
son image reste celui d’un sage, qui affaiblit par la maladie
reste conscient jusqu’au bout de ses faiblesses.
Ces deux hommes, porte-parole de leurs civilisations
s’opposeront dans ce récit à tous niveaux ;
leurs idées différentes animeront cette histoire pour
qu’en ressorte une grande morale de la vie : le vieil homme contre
le jeune, la sagesse contre la révolte, la philosophie contre
l’action, le sorcier contre le poète défendront
divers thèmes comme la mort, la liberté, l’esclavage,
la peur....
Par son style, Fabienne Pasquet fait de son
livre un roman à portée philosophique. Le jeu des deux
réalités est intéressant d’où une
espèce de perplexité continue : « Mais comment
trouver la voie d’une pensée lucide quand la réalité
même était incertaine ? » Ici tout est double, cette
dualité est présente continuellement : 2 personnages,
2 civilisations , 2 réalités, 2 manières d’aborder
la mort, une deuxième mort pour Toussaint-Louverture, etc...
« Ironie du sort auraient dit les blancs ; sortilège ironique,
auraient dit les noirs. » La curiosité du lecteur est sans
cesse éveillée par ces débats existentiels faits
de questions et de réponses possibles qui servent aussi dans
la vie d’aujourd’hui et non pas seulement dans ce roman.
C’est un ouvrage complet, riche du point de vue historique et
attrayant en ce qui concerne l’histoire. Néanmoins, les
nombreuses mises en abyme pourraient à la rigueur perturber quelques
lecteurs dans le déroulement du récit. Mais plus personnellement
les temps de silence, assez nombreux, demandés par Toussaint-Louverture
à Kleist, laissent perplexes, n’ayant pas toujours une
réponse à cet acte. Cependant, quelques imperfections
peuvent bien exister et subsister pour un livre montrant aussi bien
que tout est combat avec soi-même.
Hélène Froget
C’est un
étrange voyage dans le labyrinthe temporel qui nous est proposé
par Fabienne Pasquet, dans La deuxième mort de Toussaint-Louverture, paru chez Actes Sud. La romancière
semble se complaire à faire ressurgir des personnages, dont les
mémoires ont partiellement occulté l’histoire, comme
Jeanne Duval, maîtresse de Baudelaire et héroïne de
son premier roman dans l’ombre de Baudelaire.
À travers son dernier livre,
elle fait renaître ses acquis de dramaturge, afin de mettre en
scène deux hommes qui s’illustrent par la complexité
de leur état psychologique : Heinrich Von Kleist et Toussaint-Louverture.
Puisant dans ses racines haïtiennes, Fabienne Pasquet narre la
rencontre surréaliste du poète et du héros révolutionnaire,
rappelé quatre années après sa mort par l’éloquence
quasi démente du jeune Kleist.
Emprisonné sous Bonaparte au
Fort de Joux pour espionnage, le Prussien, voue une grande admiration
à la vie de Toussaint-Louverture, dont il demande la cellule.
De cet improbable retour de Toussaint, naissent de profondes discussions
entre les deux hommes, tour à tour emportés, violents,
désespérés… Kleist, représente l’intellectuel,
hanté par ses rêves, rongé par ses relations complexes
avec les femmes, mais surtout assiégé par la mort, qui
pour lui va de paire avec le suicide, sorte de romantique et attirante
abyme. À l’opposé, Toussaint, vieillard, est torturé
par les innombrables atrocités perpétrées par l’homme
blanc. De l’esclavage jusqu’à cette fameuse guerre
de la conquête de l’indépendance de son peuple, dans
laquelle, il a oublié l’homme au profit du héros,
ennemi du « plus monstrueux des dictateurs, le pire des vautours
qu’ait connu le monde moderne », Bonaparte qui l’a
finalement réduit au statut de prisonnier.
De sa bouche ne sortent que de sages paroles, nourries par les fruits
de l’expérience, du combat, et Fabienne Pasquet réussit
à traiter de sujets universels, tels l’esclavage, qui induit
la cruauté humaine, la violence, la haine, la mort…et ce,
brillamment, grâce à ses deux personnages qui s’opposent,
car si l’un possède une vision plus poétique de
la vie, Toussaint, lui garde un amer constat de l’humanité.
Le plus intéressant dans ce livre, réside cependant dans
le fait que le lecteur assiste à une complète évolution
psychique des deux hommes, et d’ailleurs, l’idée
que Kleist a pour destinée, dans le cadre du livre de faire prendre
conscience à Toussaint qu’il est avant tout un homme doué
de sentiments, de façon presque totalement inconsciente n’en
rend que plus originale et complexe la situation. L’auteur, en
faisant preuve d’un poignant réalisme parvient à
dresser avec justesse, un portrait de Kleist, tout en nuances et en
paradoxes, lorsqu’on sait que le poète se suicidera avec
l’amour de sa vie en 1811… Réalisme encore, lorsqu’elle
décrit l’esclavage, période barbare à cause
de l’homme blanc, qui se dit par ailleurs « civilisé »,
et propose une vision effroyable de tous les sévices endurés
par le peuple haïtien, ce peuple, allant même jusqu’à
acheter sa reconnaissance diplomatique par la France, en acceptant le
versement d’une indemnité colossale pendant un siècle.
« Détail » passé sous silence, au
pays des droits de l’Homme… Un livre donc, qui oblige à
s’interroger sur ce sombre passé, bien que l’ouvrage
comporte tout de même des passages quelque peu longs, comme ceux
de la vie quotidienne dans la cellule, et certains détails relativement
« crus », peu utiles au propos du livre.
L’auteur aurait peut-être dû s’attarder
encore plus sur ses magnifiques descriptions de l’île de
St Domingue, car l’émotion avec laquelle Toussaint décrit
ses sensations, les paysages, trahit son attachement à cette
terre, pour le plus grand bonheur du lecteur. Toussaint-Louverture est
donc « revenu » afin de « provoquer
la mort […] mais pour célébrer la vie, la vie dans
la dignité » ; Fabienne Pasquet, quant à
elle, à l’image de son héros, offre un fascinant
et vibrant livre, célébration de la dignité retrouvée,
dans la liberté de tout un peuple.
Claire Gauthier (1ère S2) Mardi 19 novembre
2002
Le roman se déroule au début du vingtième
siècle, dans le Jura, où l’on retrouve le poète
prussien Heinrich von Kleist, exalté, qui veut libérer la
Prusse de Napoléon. Au fort de Joux, il est incarcéré
dans la cellule où, quatre ans auparavant, est mort Toussaint Louverture.
Or, le fantôme de l’ancien libérateur de Saint-Domingue
hante la geôle. Un dialogue moral s’engage. Fabienne Pasquet,
d’origine haïtienne, qui a déjà publié
L’Ombre de Baudelaire (1996) oppose Kleist arrogant, sûr
de ses valeurs et de son droit, à Toussaint, pétri d’humanité
et proche de la nature, symbole de l’anticolonialisme et du respect
mutuel des races. Se développe alors, entre le spectre et le poète,
une étrange amitié nourrie de controverses. L’âme
errante du nègre est revenue « pour reprendre les derniers
pas » qui le conduisent à la mort. La complicité
entre les deux hommes qui s’était liée avait néanmoins
quelques failles, sans doute due à l’opposition de deux époques,
de mœurs et de civilisations différentes. Cet ouvrage, à
la fois divertissant et enrichissant, a su retracer de manière
romancée la conquête des Noirs contre l’esclavage ainsi
que la cruauté des Blancs envers eux par les récits de Toussaint
que celui-ci évoque tout au long de l’ouvrage. Cette jeune
romancière a su nous captiver par ce sujet de l’esclavage
mais aussi par le style de son écriture élégante.
Ainsi elle ne doit pas envier les « grands » de
la littérature. Elle devrait continuer à nous faire passer,
par ses écrits, son sujet d’inspiration qui lui vient de
ses racines.
Julie Gauthier
H. von Kleist, enfermé pour
espionnage au château de Joux, se retrouve confronté entre
l’imagination et la réalité. Coincé dans la même
cellule que celle occupée par Toussaint-Louverture quatre ans plus
tôt, le poète se lance dans une sorte de salut à sa
mémoire évoquant ses actes héroïques et révolutionnaires.
Par le biais de l’imagination du prussien, Toussaint apparaît
dans la cellule. Les deux prisonniers philosophent sur le suicide, le courage.
Le grand révolutionnaire parle des colons, de Bonaparte et de l’esclavage.
Un grand débat se crée tout au long du livre, sur ce dernier
thème. Le noir explique que la raison de son retour est qu’il
n’a pas pu accéder au monde de ses ancêtres, il est donc
revenu pour réussir sa mort.
Kleist joue le rôle du contestataire
aux propos du noir, il est le réaliste de l’histoire. Il
est poète, d’origine prussienne, troublé par la mort
de sa mère et par ses échecs amoureux, il est le défendeur
de la théorie du suicide.
Toussaint-Louverture, lui, est un noir haïtien, grand moteur de la
libération de l’île de Saint-Domingue, il apparaît
comme un sage manipulant et concoctant des potions aux herbes et aux plantes
médicinales pour atténuer ses rhumatismes et autres maux
dus à sa vieillesse. Il est là pour réussir sa mort
et apprendre à Kleist la cruauté des hommes civilisés
et la discrimination de son peuple.
Certains passages de réflexion entre les deux personnages s’adressent
à un public peut-être âgé. Mais comme, en lisant,
on a tendance à se mettre à la place du poète à
chaque fois qu’il s’évanouit, on a envie de savoir
ce qui va se passer quand il se réveillera. La lecture est toujours
attachante, quel que soit les détours qu’elle impose.
Emmanuel Giboudeau, 1 S2
La deuxième
mort de Toussaint-Louverture met en scène Heinrich Von Kleist,
un prussien inculpé d’espionnage, enfermé au fort
de Joux dans le Jura dans une cellule où, quatre ans plus tôt,
fût emprisonné le grand libérateur de l’île
de Haïti : Toussaint-Louverture. Les débuts de l’enfermement
sont rudes pour Kleist qui souffre d’une certaine dégradation
mentale : il divague son esprit dans son passé et dans une
commémoration élogieuse de cet « Hercule africain ».
Il est très vite en compagnie de ce héros prétextant sa réapparition
dans le but d’accomplir une mort digne. Fruit de son imagination
ou réalité stupéfiante ? Seul Kleist peut voir
le vieil homme noir, et des dialogues parfois contestés, opposés,
paradoxales sur les thèmes de l’esclavage, de la mort,
de la violence des hommes, de leur liberté… vont s’établir
entre les deux protagonistes, l’un en quête d’une
réponse à cette apparition, l’autre en quête
d’une compréhension de soi et de son esprit aboutissant
à la dignité de son corps et de son âme.
Dans ce livre Toussaint-Louverture est présenté
comme une grande source de témoignages, qui évoquent à
de nombreuses reprises son passé, ses décisions et son
comportement. Il justifie et argumente la cruauté de l’homme,
toutes ses formes de tortures, plus atroce les unes que les autres.
L’auteur se sert du personnage de Toussaint et de son vécu
pour nous sensibiliser sur les souffrances passées du peuple
noir. L’esclavage est souvent un sujet de débats dans la
cellule et encore une fois, le personnage de Toussaint est là
pour témoigner.
Les deux protagonistes se complètent et servent à créer
une grande opposition sur les joies de la vie et ses intérêts,
la volonté de vivre ou de mourir et l’équilibre
qu’il se crée entre les deux. Ainsi s’établie
dans le roman, à plusieurs reprises, des discussions mettant
en opposition un poète fuyant la vie et embellissant « l’art
de se sacrifier », et un vieil homme revenu à la « vie »
pour accomplir une plus grande connaissance de lui-même et ne
comprenant en aucun cas les désirs du jeune homme.
L’auteur nous plonge dans une sombre cellule, qui
est l’unique lieu d’action du roman. Pourtant grâce
à son art de l’écriture, Fabienne Pasquet renvoie
à des méditations dont Kleist et Toussaint sont les auteurs.
Les anecdotes passées du vieil homme sont percutantes sur la
dureté et la violence de l’être humain. « L’homme
est un être cruel » et toutes les formes de punition employées que nous explique le noir nous
certifient cette phrase. Cette époque étant très
caractéristique à cette cruauté car « l’esclavage
est la violence à sens unique », ce livre nous rappelle
ce que l’homme a pu infliger et jusqu’où il est capable
d’aller. Employant des actes sadiques injustifiés car « la
haine elle-même n’est pas une raison suffisante pour tuer »,
et en éprouvant même un certain plaisir, « ne
résistant pas à la jouissance que lui procurait le spectacle
du supplice de son saint préféré ».
On en retire également que ce comportement est universel car
« les plus cruels ne sont pas les moins éduqués ».
À travers l’irréalité d’une
juxtaposition de deux temps différents, s’opposent deux
personnages différents et deux visions distinctes de la vie et
de la mort. Au fil de la lecture la personnalité de Kleist se
dévoile, il fuit les femmes et fuit la vie. Il désire
précipiter la mort qui « dédommage de la pauvreté
de l’existence », et affirme que « le plus
grand bonheur qu’on pouvait imaginer sur terre se trouvait au
ciel ». Il veut provoquer
le suicide le qualifiant de « la plus voluptueuse de toutes
les morts » prétextant « la pauvreté
de l’existence » et argumentant qu’il « n’avait
pas demandé à venir au monde ». A la suite
de chaque affirmation, l’autre personnage clé, dévoile
à son tour sa personnalité, et l’intérêt
du roman se trouve en ses paroles. Juste par le fait de sa présence
et de sa deuxième vie Toussaint-Louverture symbolise le désir
de vivre. Il ne provoque pas la mort mais l’attend même
s’il souffre à ses derniers instants. « Aime,
fais toi aimer », « jouie de la vie »,
toutes ces paroles simples mais profondes de sens donnent à soi-même
une réflexion soutenue en repensant que « la vie n’est
qu’un sursis », et que « c’est aussi
ce qui la rend précieuse ». Au final, ces écrits
rappellent la préciosité, la richesse, et la joie de la
vie qui doivent être préservées pour un bonheur,
une larme ou un rire prochain.
Sans se laisser prendre à la fatuité, le
poète nous expose avec quelques phrases parsemées dans
le roman, un sentiment de supériorité à son égard
envers les gens ne participant pas au monde de l’écriture.
En utilisant la fonction du prussien et ses pensées, l’auteur
nous divulgue une supériorité de raisonnement, d’analyse,
de compréhension d’un écrivain « dont
la fonction même est de rivaliser avec les dieux ».
Un homme de lettre serait donc au-dessus des autres et devrait se considérer
comme tel, « n’ayant rien de commun avec le reste des
mortels ». A travers ces mots, l’amertume ressentie
par le lecteur est un bémol à cette œuvre captivante
qui nous laisse dans une cellule humide mais nous transporte dans une
source de réflexions pointues et cohérentes.
Guyon-Gellin Michaël, dimanche 17 novembre
2002
La Deuxième Mort de Toussaint-Louverture raconte l’emprisonnement de Kleist au fort de
Joux, dans la cellule où avait séjourné Toussaint-Louverture
et décédé quatre ans auparavant. Son fantôme
revient mais seul Kleist peut le voir, l’entendre… Il
lui explique qu’il est revenu pour réussir sa mort, et
les deux hommes parlent de l’esclavage et disputent leur point
de vue sur deux types de mort opposés : le suicide et
la souffrance.
Deux personnages se trouvent au centre de cette œuvre.
Le premier, Kleist, un poète allemand emprisonné pour
cause d’espionnage, aide Toussaint-Louverture à réussir
sa mort, et le second, Toussaint-Louverture, un homme politique haïtien
qui était contre l’esclavage et pour l’indépendance
de Saint Domingue, empêche Kleist de se suicider, il essaie
de le faire changer d’idée sur sa façon de mourir.
Le livre entretient une dualité dès le
titre avec l’évocation de la deuxième mort puis
les deux personnages qui représentent chacun une civilisation
différente, une époque différente et qui ont
chacun une façon de penser de penser à la mort :
le suicide pour Kleist, pour lui « Souffrir est inutile »
et la souffrance pour Toussaint-Louverture. L’auteur insiste
sur ce double jeu à la page 114 « Blanc et Noir,
les deux polarités cosmiques. La lumière et les ténèbres.
La vie et la mort. » Le roman laisse un doute se répandre
par les différents passages du rêve à la réalité
et vice-versa. Difficile à cerner au début, Toussaint-Louverture
qui reste un personnage de fiction dans le roman aborde un sujet réel :
l’esclavage, duquel il donne une très simple définition :
« L’esclavage, c’est la violence à sens
unique. »
Au fil du temps, une relation s’établit
entre les deux hommes qui ne l’avaient pas forcément
souhaitée au début, et qui doivent apprendre à
vivre ensemble et se respecter « Nous sommes deux dans
cette cellule, et la liberté se partage.
Céline
Martins
Heinrich Von
Kleist, inculpé d’espionnage, est emprisonné au fort
de Joux dans le Jura dans l’ancienne cellule de Toussaint-Louverture,
héros de la lutte pour l’indépendance d’Haïti.
Kleist, fier d’être enfermé dans la geôle de
ce héros, montre sa grande admiration pour le héros noir.
Cette admiration est si forte que le revenant vient refaire sa mort.
Kleist tient quand même une place importante
dans l’histoire. C’est grâce à son admiration,
sa passion et son engouement que Toussaint-Louverture a pu réapparaître
et retourner dans son ancienne cellule pour recommencer sa mort. Toussaint-Louverture
aide Kleist à guérir son genou avec ses pansements mais
il est avant tout un intermédiaire de l’auteur pour montrer
les cruautés de l’esclavage. « La voix du vieux
égrenait les recettes des colons pour « accommoder »
les Nègres couverts de mélasse et ligotés sur une
fourmilière qui n’en restituerait que le squelette blanchi.
»
Moïse, le rat qui tient compagnie
à Toussaint-Louverture, est un personnage à part entière.
Grâce à lui Toussaint-Louverture peut se racheter de son
erreur envers son neveu, du même nom que le rat, qu’il a
tué pour avoir prédit la traîtrise de Napoléon.
« J’ai aimé un homme qui portait son nom. Il
avait perdu un œil à la bataille et fut plus clairvoyant
que moi. Je n’ai pas voulu le croire, et j’aurai dû. »
Le livre met en commun deux personnages :
d’un côté Kleist, le poète prussien qui pense
qu’une mort digne illustre le suicide et d’un autre côté
Toussaint-Louverture, révolutionnaire venant d’Haïti,
qui revient pour refaire sa mort au but de trouver enfin le repos éternelle
en quittant ses « peaux inutiles ». On peut voir
qu’il y a deux personnages principaux. Il y a donc une grande
symbolique du nombre deux tout au long du livre (La deuxième
mort de Toussaint-Louverture, deux personnages principaux ) qu’utilise
Fabienne PASQUET. Il y a plusieurs idées qui
s’opposent au fil de la lecture d’abord entre la vie et
la mort : Kleist représentant la vie car il ne meurt pas
à la fin et Toussaint-Louverture représentant la mort.
Il y a aussi une autre opposition qui se forme entre les Blancs et les
Noirs. Cela donne un récit troublant et vaguement mystique :
« L’araignée est la maîtresse du destin. »
Prachittham
Édouard
Après sa première
œuvre, L’Ombre de Baudelaire, Fabienne PASQUET met en scène, à l’intérieur
d’une petite cellule du fort de Joux situé dans le Jura,
La Deuxième mort de Toussaint-Louverture. Keist, dichter prussien emprisonné dans la cellule ayant appartenu 4 ans
auparavant à Toussaint-Louverture, inspiré par les lieux,
salue ce révolutionnaire qui défia Napoléon et
fait revenir pour une seconde mort le « libérateur »
noir. Après quelques problèmes sur le fait d’accepter
la réalité de son imagination, Kleist parvient à
échanger ses idées, bien que souvent contradictoires avec
celles du revenant.
Une opposition s’exprime déjà dans le comportement
des deux personnages principaux. En effet Keist apparaît comme
fragile physiquement et moralement, mais inspiré d’une
fougue romantique ; Toussaint, quant à lui combat sa maladie,
sa vieillesse et ses blessures et détient son savoir sur le vécu
et un savoir faire manuel indéniable. Même si Kleist, fait
revivre Toussaint et lui permet par le biais de son opinion, qu’il
exprime très largement, de lui donner la chance de réussir
sa deuxième mort, on peut interpréter sa présence
seulement pour donner la « réplique » au
revenant.
Le récit, perturbant mais captivant, joue sur deux époques,
deux réalités (l’une de l’imagination et l’autre
de la vie réelle), ainsi que tout le roman qui est double.
Cette duplication se perçoit dès le titre La Deuxième
mort de Toussaint-Louverture, puis très rapidement par le fait de choses simples :
un blanc, un noir (un européen, un africain), transportés
dans deux époques différentes, avec chacune leurs gardes,
mais également deux animaux (le rat et l’araignée),
et une double mort finale (celle de Toussaint et le meurtre du rat par
Kleist).
Une dualité symétrique entre le début et la
fin, où Kleist commence et finit avec l’araignée,
perdu dans ses pensées.
Le récit exprime ses deux faces dans l’enchaînement
de doubles idées philosophiques qui interpellent l’esprit
et où chaque opinion a son orateur : Kleist expose ses principes
sur le suicide, digne mort pour un héros, alors que Toussaint
qui connaît le prix de l’existence, veut plutôt une
mort douce. De même, ils discutent longuement sur leur compagnon
de cellule, Moïse, qui devient pour le noir un ami et confident
et pour l’allemand une crainte, une peur de plus.
Mais leur opinion ne diffère pas totalement sur des sujets
comme l’esclavage qui, aujourd’hui, a obligatoirement dans
une logique saine d’esprit, les mêmes bases qui coïncident
dans l’égalité entre les Hommes. C’est ainsi
que tout le récit va vers une fin un peu brute, trop classique :
un coup de tonnerre et Toussaint disparaît avec ses « secrets »).
Les questions sont à doubles réponses, seulement (comment
mourir, mort douce ou suicide ?, profiter de la vie sans se poser
de questions ou penser à sa mort ?, comment combattre l’esclavage ?,
comment exprimer son amour ?…). Chacun trouve sa réponse
personnelle en mélangeant plus ou moins les idées et principes
des deux argumentateurs au service de la plume de Fabienne PASQUET.
Julien Rolet [1°S2]
Toussaint-Louverture
met en scène un Kleist accusé
d’espionnage et enfermé au Fort de Joux dans la cellule qui
fut jadis celle du célèbre esclave révolutionnaire
Toussaint-Louverture. Dans un moment d’euphorie, Kleist salue la
mémoire, le courage du « Napoléon noir »
qui a libéré son peuple. Puis il se retrouve une nuit plus
tard en présence de Toussaint, revenu dans le but de réussir
sa mort. Ils deviennent donc par la force des choses colocataires, non
sans mal mais Kleist profite de la nourriture, des bougies du héros
de l’indépendance, et ce dernier du papier et des plumes
du poète prussien. Néanmoins quelques désaccords
subsistent entre nos deux personnages. D’ailleurs nous observons
que tout est en double : deux personnages, deux civilisations (occidentale
et africaine), deux morts (pour Toussaint) mais deux manières de
l’aborder (le suicide et la mort naturelle), deux couleurs, deux
époques, deux personnalités distinctes. Ces deux façons
de penser propres à chacun d’entre eux nous amènent
à un certain équilibre : ils se complètent,
Toussaint est un vieil homme taquin (au bain, page 120). Il n’en
est pas moins sage : dans ce roman il est à la recherche de
la paix et de la sérénité.
Quant à Kleist le jeune poète
prussien il éprouve des difficultés à analyser
objectivement les événements qui l’entourent :
un fantôme s’invite dans sa cellule, il s’attendait
à avoir un véritable personnage et son attitude le déçoit
parfois. Kleist est une personne qui a de la peine à persévérer
et qui est très indécise. Nous le remarquons en voyant
les écarts de comportements dont il fait preuve envers Toussaint :
il hésite entre la colère, l’admiration ou la compassion
face à un homme souffrant. Le récit retranscrit des souvenirs
des personnages, et comment les esclaves étaient traités
par leur propriétaire, page 93 : « La voix
du vieux égrenait les recettes des colons pour accommoder les
nègres. » Toussaint aidait son peuple à s’affranchir.
Il dit les erreurs qu’il a commises, et Kleist a laissé
son amour s’enfuir, et la détresse qu’ils ont tout
deux ressentie face à la mort d’un être aimé
(Toussaint a perdu son neveu Moise et Kleist sa mère).
Le style un peu classique de l’auteur
n’en est pas pour autant ennuyeux : l’exposition des
sentiments des personnages, de l’ambiance et de la vétusté
de l’emprisonnement étaient réussis : le rationnement
du bois, des bougies, le froid… On réussirait presque à
sentir les courants d’air de la cellule ! Cependant nous
aurions apprécié un peu plus de souplesse dans le récit
et pourquoi pas un peu plus de protagonistes féminins.
Géraldine Sallé
Fabienne Pasquet ressuscite Toussaint-Louverture dans un roman où Heinrich
von Kleist, un poète prussien, soupçonné d’espionnage,
est enfermé au Fort de Joux, dans le Jura français. Il
se retrouve dans la geôle que Toussaint-Louverture, héros
de l’indépendance d’Haïti, occupait quatre ans
auparavant. Après quelque temps, le fantôme de Toussaint-Louverture
apparaît, mais seul Kleist peut le voir. Il est revenu pour retrouver
sa dignité et sa sérénité. Entre les deux
colocataires règne une complicité, mais aussi quelques
disputes.
Kleist
est à l’écoute
du « nègre », il l’aidera à faire la paix avec lui-même.
Quant à Toussaint, il essayera de dissuader Kleist du suicide.
Ce roman marque une dualité qui se traduit par deux personnages,
Kleist et Toussaint-Louverture, deux époques « j’étais
bien là avant toi. » ; « 1807…Quatre
ans, moins cinq semaines, presque jour pour jour », deux
civilisations, occidentale et africaine, ce qui donne un récit
passable.
Adeline Tonnin,
1èreS2, Lycée Victor Considérant,
Salins les bains, 2002 |